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PONTCALEC

Clément de Guer-Malestroit, marquis de Pontcallec

Berné, 1678 - Nantes, 1720

XLVI

MORT DE PONTCALEC


— DIALECTE DE CORNOUAILLE —


ARGUMENT


Les fils de ces hommes qui au seizième siècle prirent les armes pour affranchir leur pays de la souveraineté étrangère devaient, au dix-huitième, se lever deux fois pour la même cause. La conspiration de Cellamare eut un plus grand caractère de simplicité dans ses motifs et de précision dans son objet que la Ligue; elle fut purement nationale. Se fondant sur la violation de leurs franchises par le Régent, dont le but était de détruire toute résistance parlementaire, les Bretons déclarèrent nul 1'acte de leur union à la France, et envoyèrent au roi d'Espagne, Philippe V, des plénipotentiaires chargés d'entamer des négociations ayant pour base l'indépendance absolue de la Bretagne. La plus grande partie de la noblesse et les populations rurales se liguèrent contre la France; la bourgeoisie seule resta en dehors du mouvement national. Elle était, dit M. Rio, entièrement dévouée au Régent et déjà presque toute étrangère au pays; les mots de droit et de liberté n'étaient inscrits que sur le gonfanon des gentilshommes (1).

La conspiration échoua, comme on sait. Quatre des principaux chefs, savoir : Pontcalec, du Couedic, Montlouis et Talliouet-le-Moine, furent pris et traités avec le plus dur mépris des formes judiciaires; le Régent, désespérant d'obtenir un arrêt de mort de leurs juges naturels, les livra à une cour martiale; un étranger, un Savoyard, la présidait. Mais le peuple, indigné, réforma le jugement, et il fallut toutes les horreurs de 93 pour faire oublier aux Bretons les tribunaux extraordinaires et les dragonnades de 1720. L'élégie du jeune Clément de Guer-Malestroit, marquis de Pontcalec, décapité à Nantes, à l'âge de vingt et un ans, sur la place du Bouffay, avec les trois braves gentilshommes que nous avons nommés, témoigne de l'esprit de la conjuration et de la sympathie populaire qui adoucit leurs derniers instants.

* Histoire d'un collège breton sous l'Empire, p. 19.

 

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MARO PONTKALEK

Ies Kerne

MORT DE PONTCALEC

Dialecte de Cornouaille

Eur werzeen neve zo savet;

War markiz Pontkalek eo gret;

Un chant nouveau a été composé,

il a été fait sur le marquis de Pontcalec

- Traitour ! ah !

Malloz d'id !

Malloz d'id 'ta !

Traitour ! ah !

Malloz d'id 'ta

- Toi qui l'a trahi

- sois maudit ! 

- sois maudit ! 

- Toi qui l'a trahi 

- sois maudit !

War markiz iaouank Pontkalek,

Ker koant, ken drant, ker kalonek !

Sur le jeune marquis de Pontcalec,

Si beau, si gai, si plein de cœur !

- Traitour ! ah !

etc

- Toi qui l'a trahi ! 

etc.

Mignon a oa d'ar Vretoned,

Abalamour aneo oa deuet;

Il aimait les Bretons,

car il était né d'eux;

- Traitour ! ah ! 

etc

- Toi qui l'a trahi ! 

etc.

Abalamour aneo oa deuet,

Hag etre-z-ho oa bet maget.

Car il était né d'eux, 

et avait été élevé au milieu d'eux.

Mignon a oa d'ar Vretoned,

d'ar vourc'hizienn ne larann ket;

Il aimait les Bretons,

mais non pas les bourgeois;

D'ar vourc'hizienn ne larann ket,

A zo a-du ar C'halloued;

Mais non pas les bourgeois,

qui sont tous du parti français;

A zo atao 'kas gwaska re

N'ho deus na madou na leve,

qui sont toujours cherchant à nuire

à ceux qui n'ont ni bien ni rentes

Nemet poan ho diou-vrec'h, noz-de,

Evit maga ho mannou d'he.

A ceux qui n'ont que la peine de leurs bras, jour et nuit,

pour nourrir leurs mères.

Laket en devoa enn he benn

Dizamma d'eomp-ni hor horden;

Il avait formé le projet

de nous décharger de notre faix;

Gwarizi-tag d'ar vourc'hizien,

O klask ann tu eid hen dibenn.

Grand sujet de dépit pour les bourgeois,

qui cherchaient l'occasion de la faire décapiter.

- Otrou markiz, et da guhet,

Ann tu a zo gant he kavet ! -

- Seigneur marquis, cachez vous vite,

Cette occasion, ils l'ont trouvée ! - 

II II
Pellik zo ema dianket;

Evit he glask n'he gaver ket.

Voilà longtemps qu'il est perdu;

On a beau le chercher, on le trouve pas.

Eur paour euz ker, o klask he voed,

Hennez en deuz hen diskulet;

Un gueux de la ville, qui mendiait son pain,

Est celui qui l'a dénoncé;

Eur c'houer n'her defe ket gret,

Pa vije roet d'ean pemp kant skoed.

Un paysan ne l'eût pas trahi,

Quand on lui eût offert cinq cent écus.

Gwel Maria 'nn est, de evid de,

Ann dragoned oa war vale : 

C'était la fête de Notre-Dame des moissons, jour pour jour,

Les dragons étaient en campagne (1) :

- Lerut-hu d'i-me, dragoned,

O klask ar markiz em 'oc'h bet ?

- Dites moi, dragons,

n'êtes vous pas en quête du marquis ?

- O klask ar markiz em omp bet;

Daoust penoz ema-hen gwisket ? 

- Nous sommes en quête du marquis; 

Sais tu comment l est vêtu ?

- Er c'hiz diwar 'mez 'ma gwisket;

Glaz he vorled hag hen bordet;

- Il est vêtu à la mode de la campagne : 

surtout bleu orné de broderies;

Glaz he jak, ha gwenn he jupenn;

Brodou-ler, ha bragou lien;

Soubreveste bleue et pourpoint blanc;

Guêtres de cuir et braies de toile;

Eunn tokik plouz neudennet-ru;

War he skoa, eur pennad bleo-du;

Petit chapeau de paille tissu de fils rouges;

Sur ses épaules, de longs cheveux noirs;

Eur gouriz-ler; diou bistolenn

Hag hi a Vro-Spagne, a-zou denn;

Ceinture de cuir avec deux pistolets

espagnols à deux coups.

Gat-han dillad pillou-huan,

Gad unan alaouret didan.

Ses habits sont de grosse étoffe,

mais dessous il y en a de dorés.

Mar fell d'hoc'h-hu roi d'in tri skoet,

Me a rei d'hoc'h-hu he gaouet.

Si vous voulez me donner trois écus,

je vous le ferai trouver.

- Tri gwennek zo-ken na rimp het,

Toliou sabren, ne laromp ket;

- Nous ne te donnerons pas même trois sous;

des coups de sabre, c'est différent;

Ne rimp ket zo-ken pemp gwennek,

Ha te rei d'omp kaout Pontkalek

Nous ne te donnerons pas même trois sous,

et tu nous feras trouver Pontcalec.

- Dragoned ker, enn han Doue !

Na et ked d'ober droug d'i-me :

- Chers dragons; au nom de Dieu,

ne me faites point de mal :

Na et ked d'ober droug d'i-me;

Ho hencha raktal e rinn-me :

Ne me faites point de mal, 

Je vais vous mettre tout de suite sur ses traces :

Ma hen du-ze, er zal, ouz tol,

O leina gad person Lignol.

Il est là-bas, dans la salle du presbytère, à table,

avec le recteur de Lignol.

III III
- Otro markiz, tec'het, tec'het !

Me wel erru ann dragoned;

- Seigneur marquis, fuyez ! fuyez !

Voici les dragons qui arrivent;

Me wel ann dragoned erru;

Sternou lugernus; dillad ru.

Voici les dragons qui arrivent : 

armures brillantes, habits rouges.

- Me na gredann ked em c'halon,

E krogfe enn on eunn dragon

- Je ne puis croire 

qu'un dragon ose porter la main sur moi;

Ne gredann ket ve deut ar c'hiz

Ma krog ann dragon er markiz ! -

Je ne puis croire que 1'usage soit venu 

que les dragons portent la main sur les marquis! -

Oa ked he gomz peur-achuet,

Tre-harz ar zal ho deuz lammet.

II n'avait pas fini de parler, 

qu'ils avaient envahi la salle.

Hag hen da beg 'nn he bistolenn :

- Neb a dost ouz-in 'n defo 'nn tenn !

Et lui de saisir ses pistolets :
- Si quelqu'un s'approche, je tire! -
Ar person koz dal' m'her gwelaz,

Dirag ar markiz 'nem strinkaz :

Voyant cela, le vieux recteur 

se jeta aux genoux du marquis :

- Enn hano Doue, ho Salver,

Na dennet ket, ma otrou ker ! -

- Au nom de Dieu, votre Sauveur, 

ne tirez pas, mon cher seigneur!

Pa glevaz hano hor Salver

En deuz gouzanvet gand dousder;

A ce nom de notre Sauveur, 

qui a souffert patiemment;

Hano hor Salver pa glavaz,

Daoust d'he spered hen a oelaz;

A ce nom de notre Sauveur, 

ses larmes coulèrent malgré lui;

Rez he galon strakaz he zent;

Ken a droc'haz, sonn : "Deomp d'ann hent!"

Contre sa poitrine ses dents claquèrent; 

mais, se redressant, il s'écria : «Partons!»

A-dreuz parrez Lignol pa ee,

Ar gouer paour a lavare : 

Comme il traversait la paroisse de Lignol, 

les pauvres paysans disaient,

Laret a ree al Lignoliz :

- Pec'hed eo erenn ar markiz ! -

Ils disaient, les habitants de Lignol : 

- C'est grand péché de garrotter le marquis! -

Pe ee ebiou parrez Berne,

Digouet eur frapad bugale; 

Comme il passait près de Berné, 

arriva une bande d'enfants :

- Mad-d'hoc'h ! mad-d'hoc'h ! otrou markiz;

Ni ia d'ar vorc'h, d'ar c'hatekiz.

- Bonjour, bonjour, monsieur le marquis : 

nous allons au bourg, au catéchisme.

- Kenavo, bugaligou vad,

N'ho kwelo mui ma daoulagad.

- Adieu, mes bons petits enfants, 

je ne vous verrai plus

- Da belec'h et eta, otrou;

Ha dont na reot souden endrou ?

- Et où allez-vous donc, seigneur? 

est-ce que vous ne reviendrez pas bientôt ?

- Me na ouzon ked, Doue 'r goar;

Bugale baour, me zo war var. -

- Je n'en sais rien, Dieu seul le sait : 

pauvres petits, je suis en danger. - 

Ho cherisa en defe gret,

Paneved he zaouarn ereet.

Il eût voulu les caresser, 

mais ses mains étaient enchaînées.

Kriz vije 'r galon na ranne;

Re 'nn dragoned zo-ken a ree;

Dur eût été le cœur qui ne se fût pas ému ; 

les dragons eux-mêmes pleuraient;

Potred-a-vrezel, koulskoude,

Ho deuz kalonou kiz enn he.

Et cependant les gens de guerre

ont des cœurs durs dans leurs poitrines.

Ha-pa oa digouet en Naoned,

E oa barnet ha kondaonet;

Quand il arriva à Nantes, 

il fut jugé et condamné,

Kondaonet, naren gand tud-par,

Nemet tud koet d'oc'h lost ar c'harr.(2)

Condamné, non pas par ses pairs, 

mais par des gens tombés de derrière les carrosses (2).

Da Bontkalek deuz int laret :

- Otrou markiz, petra peuz gret ?

Ils demandèrent à Pontcalec : 

- Seigneur marquis, qu'avez-vous fait ?

- Pez a oa dleet d'in da ober;

Ha gret-hu ive ho micher. - (3)

- J'ai fait mon devoir ; 

faites votre métier. - (3)

   
IV IV
D'ar sul kenta pask, hevlene,

Oa kaset kannad da Verne.

Le premier dimanche de Pâques, de cette année, 

un message est arrivé à Berné.

- Iec'hed mad d'hoc'h holl, er ger-ma;

Pale 'ma ar person drema ?

- Bonne santé à vous tous, en ce bourg; 

où est le recteur par ici ?

- Ma o laret he oferen,

Ma o vonet gand ar bregen. -

- Il est à dire la grand'messe, 

Voilà qu'il va commencer le prône.

Pa oa o vonet d'ar gador,

Oa roed d'ean eul lier el leor :

Comme il montait en chaire, 

On lui remit une lettre dans son livre :

Ne oa ket goest evid he lenn,

Gad ann daelou demeuz he benn;

Il ne pouvait la lire, 

Tant ses yeux se remplissaient de larmes.

- Petra zo c'hoarvet a neve,

Pa oel ar person er c'hiz-ze ?

- Qu'est-il arrivé de nouveau, 

que le recteur pleure ainsi ?

- Goela a rann, ma bugale,

War pez a refac'h-c'hui ive.

- Je pleure, mes enfants, 

pour une chose qui vous fera pleurer vous-mêmes :

Maro, poerien, neb ho mage,

Neb ho kwiske, neb ho harpe;

Il est mort, chers pauvres, celui qui vous nourrissait, 

Qui vous vêtissait, qui vous soutenait;

Maro ann hini ho kare,

Berneviz, kouls evel on-me,

Il est mort celui qui vous aimait, 

Habitants de Berné, comme je vous aime;

Maro neb a gare he vro,

Hag her grez beteg ar maro;

Il est mort celui qui aimait son pays, 

Et qui l'a aimé jusqu'à mourir pour lui;

Maro da zaou vloa war-n-ugent,

Vel ar verzerien hang ar zent;

Il est mort à vingt-deux ans, 

Comme meurent les martyrs et les saints.

Doue, ho pet out-han truez !

Marv e 'nn otrou ! marv e ma mouez !

Mon Dieu, ayez pitié de son âme ! 

Le seigneur est mort ! ma voix meurt !

- Traitour ! ha !

Malloz d'id !

Malloz d'id-'ta !

Traitour ! ah !

Malloz d'id ! ah !

- Toi qui l'as trahi, sois maudit! 

Sois maudit! Toi qui l'as trahi, sois maudit!

 

NOTES


Les traditions d'honneur, nous en avons ici la preuve, se transmettent de père en fils : Pontcalec descendait en ligne directe de ce fier Jean de Malestroit, chef de 1'opposition à 1'union de la Bretagne a la France, qui refusa le bâton de maréchal que la duchesse Anne lui offrit, pour vaincre une obstination qu'elle admirait tout en la blâmant. Son père, comme ses aïeux, était resté fidèle à la cause nationale, et selon la magnifique expression de Louis XIV, « ceux-ci n'avaient retiré d'autre récompense de leurs glorieuses actions que la gloire de les avoir faites » : il fut digne d'eux.

La lettre où l'on apprenait au recteur de Berné la mort du jeune Breton et celle de ses amis a été conservée; elle est écrite par un des religieux qui assistèrent les condamnés. Même au moment de l'exécution, 1'humeur enjouée du jeune marquis ne se démentit pas un instant; elle contrastait singulièrement avec la gravité de ses compagnons plus âgés. « Après avoir confessé M. du Couëdic, dit le religieux, je me retirai en le saluant. Voulant me rendre le salut : «Où est, dit-il, mon chapeau ? - Hé! qu'avons-nous besoin de chapeaux ? répondit M. de Pontcalec, on nous ôtera bientôt le moule des chapeaux ! » En voyant entrer M. de Montlouis, il s'écria : « Ah! voila un bien honnête homme qu'on fait mourir. » Et il vint l'embrasser en disant: « Quelle injustice ! » La seule plainte qu'il proféra lui fut arrachée par le sentiment de la dignité humaine; quand le bourreau lia les mains de ses compagnons : « Lier les mains a des gentilshommes ! s'écria-t-il, les condamner à mort sans qu'ils aient jamais tiré 1'épée contre 1'État ! voila donc cette Chambre royale qu'on disait agir avec tant de douceur ! Quelle douceur ! On disait que M. de Montlouis avait sa grâce; pourquoi donc lui lier les mains comme à nous? » L'exécuteur, en arrivant à lui, fut si ému, qu'il crut devoir «lui adresser une espèce de compliment ou d'excuse.» M. de Pontcalec lui dit : « J'irai tranquillement a 1'échafaud sans avoir les mains liées. » II alla pour en faire autant à M. du Couëdic, mais 1'ayant trouvé assez serré, il ne le toucha pas. Ce fut alors que ce Monsieur s'écria pour la première fois : « Après vingt-huit ans de services, voila donc ma récompense! J'ai de moi-même exposé ma tête mille fois pour le roi, et il me la fait couper aujourd'hui sur un échafaud ! »

Pendant que les condamnés marchaient au supplice, le courage et la jeunesse de Pontcalec faisaient pleurer la foule. «Comme nous allions vers le Bouffay, continue le moine, les gémissements et les cris du peuple me donnèrent occasion de lui dire : "On plaint votre sort, et on ne « plaignit pas celui de Jésus-Christ. -  Ah! quelle différence entre lui et moi ! ". Et il répéta plusieurs fois avec de bien pieux sentiments : " Pater, fiat volontas tua » La vue de l'échafaud ne lui ôta rien de sa fermeté. Malgré les instances de son confesseur, qui aurait voulu lui faire détourner les yeux, il regardait toujours l'instrument de mort, et disait: « Quel spectacle ! mon père, quel spectacle! » II devait y mont le dernier. Arrivés an pied de 1'échafaud, les quatre amis se dirent au revoir et s'embrassèrent. Montlouis reçut le premier le coup de la mort; avant de mourir, il s'agenouilla auprès du poteau et récita tout haut une prière à la sainte Vierge. « Le son de sa voix était fort » remarque le moine. Quand l'exécuteur vint inviter M. de Talhouët à monter a son tour, poursuit le même religieux, il me dit d'un air qui marquait également la tendresse et la franchise : « Allons, mon père! » puis aux assistants : « Priez Dieu pour moi ! » J'en vis plusieurs ôter leurs chapeaux et répondre en se mettant à genoux : « Oui, nous le ferons. » Comme je descendais de l'échafaud, on m'avertit que j'avais le visage et la chape tout couverts de sang. »

Lc tour de Pontcalec étant venu, il dit à son confesseur: « Je pardonne de bon cœur à tous ceux qui me font mourir. » Puis il ajouta en souriant: « Voila un compliment bien triste » En penchant la tête sur le billot latal, il répéta plusieurs fois : Cor contritum et humiliatum, Deus, non despicies. Je 1'entendis aussi, continue le religieux, prononcer à haute voix Jesus, Maria. Ses dernières paroles furent celle-ci : « Mon Dieu, je remets mon âme entre vos mains! »

Après l'exécution, le bourreau, escorté par une troupe d'archers à cheval (car on avait déployé un grand appareil militaire, dans la crainte d'un soulèvement), emmena dans une charrette les quatre corps décapités; 1'autorité supérieure ordonna qu'ils fussent secrètement enterrés, sans son de cloche ni chant d'église. «On fit donc entrer la nuit même, dit le moine, quatre femmes dans le bas chœur de notre chapelle pour ensevelir les corps, et quatre hommes pour faire quatre fosses; ils les creusèrent sur une même ligne au haut de la nef, pendant que les religieux récitaient matines et laudes. Après qu'ils eurent fini, le Père supérieur fit les quatre enterrements, en récitant avec les autres religieux, mais sans chanter, la prière de 1'Église pour l'inhumation des morts. » La messe des morts fut dite avec des ornements blancs. Le Régent avait règle lui-même le cérémonial de l'enterrement.

Cette grande page d'histoire a été écrite d'une manière digne du sujet par M. Arthur de la Borderie a 1'aide de tous les documents contemporains.

 

Notes de renvois : 

(1) : Le Régent avait fait venir des dragons des Cévennes.

(2) : "tombés de la queue des carrosses" = serviles parvenus.

(3) : selon le traducteur : Talmont devait plus tard faire la même réponse au tribunal révolutionnaire. 

 

 

* Henri Poisson : Histoire de Bretagne

XVI. Conspiration de Pontcallec.

(corrections en cours).

XVI. — CONSPIRATION DE PONTCALLEC

L'acte d'union (1718).

Le 15 septembre 1718, une soixantaine de gentilshommes bretons, réunis à Rennes, signèrent un acte ainsi conçu : « Nous promettons sur notre foi de concourir de tout notre pouvoir a seconder les bonnes intentions des gentilshommes de notre province qui ont signé le traité d'union qui tend à maintenir nos privilèges et à délivrer notre patrie du joug tyrannique des gens d'affaires sans toutefois prétendre déroger en aucune façon a 1'obéissance que nous reconnaissons devoir à notre légitime souverain et à ceux qui gouvernent sous son autorité. »

Se fondant sur la violation des clauses du traité de 1532 par le gouvernement royal, un certain nombre de gentilshommes s'abouchèrent avec les ennemis du régent qui complotaient de le renverser (conspiration de Cellamare), pour le remplacer par Philippe V, roi d'Espagne, petit-fils de Louis XIV, alors en guerre avec la France. Ils envoyèrent même à ce dernier des ambassadeurs chargés de négocier l'alliance avec 1'Espagne. La haute aristocratie bretonne resta en dehors du mouvement qui comptait surtout des membres de la noblesse terrienne, environ cinq cents. Mais, en réalité, une vingtaine seulement prirent une part active au complot, parmi lesquels le marquis de Pontcallec, du Couëdic, Mont-Louis, Le Moyne de Talhouët, de Lambilly. Ce dernier, qui avait sacrifié une partie de sa fortune, était 1'âme du complot, mais il joua un rôle moins apparent que le marquis de Pontcallec.

De Pontcallec était le type de gentilhomme chasseur et fraudeur. II faisait surtout la contrebande du tabac. Le monopole des tabacs appartenait à des fermiers généraux qui, payant au roi une somme fixe, jouissaient des revenus de la vente. La plupart y faisaient une fortune scandaleuse, ce qui n'empêchait pas la contrebande d'être organisée sur une grande échelle.

Pontcallec avait-il 1'âme d'un chef (1) ? II semble qu'il ait redouté les responsabilités. D'ailleurs, les moyens employés étaient trop faibles en face de 1'importance du but poursuivi. Quant aux secours promis par 1'Espagne, ils consistaient en promesses assez insidieuses. En fait, les conjurés reçurent 6 000 pistolets et une frégate espagnole débarqua 300 hommes qui reprirent la mer peu de temps après.

Des troubles avaient éclaté un peu partout en Bretagne :

A Lamballe, la cherté du grain et la crainte de la faim provoquèrent, le 28 mai 1719, une émeute grave qui dura plusieurs jours.

Le 2 juillet de la même année, le receveur du domaine du roi étant venu à Vitré faire sa recette, une population mutinée entoura 1'hôtel du « Chêne-Vert », où il était descendu, disant «qu'il fallait mettre en pièces tous ces maltotiers, qu'ils ne paieraient aucun droit, car c'était autant de voleries ».

Des révoltes éclatèrent également dans 1'évêché de Nantes, spécialement dans la presqu'île guérandaise, au Croisic, à Blain et à La Roche Bernard.

Ces faits furent signalés à la cour en même temps que les allées et venues étranges de certains gentilshommes qui se réunissaient tantôt chez les uns, tantôt chez les autres, à Blain, au Pouldu et à Saint-Jean-Brévelay.

Bientôt, des événements tragiques allaient donner un caractère plus accentué à la lutte. Des détachements de cavaliers sillonnèrent la campagne. Dans 1'impossibilité de tenir. tête aux troupes, les conjurés quittèrent le château de Pontcallec où ils s'étaient réfugiés en dernier lieu et se dispersèrent.

Le 6 octobre, les conjurés devaient marcher sur Rennes. Quinze seulement vinrent au rendez-vous. L'un des conjurés, Coué de Salarun (2) prévint le maréchal de Montesquiou que les Espagnols allaient tenter un débarquement. Une Chambre royale fut constituée a Nantes qui devait poursuivre les conjurés (30 août 1719). On n'avait pas assez confiance dans le Parlement de Rennes pour les condamner.

II restait à les saisir. Le colonel de Mianne, lieutenant du château de Nantes, fut chargé de les arrêter. Cétait un ami de Pontcallec. Le marquis lui avait autrefois rendu quelques services. De Mianne déploya contre les conjurés une activité incontestable et employa le grand moyen : 1'argent. Dans cette opération, « il trouva les honneurs, sinon 1'honneur ». (B. POGQUET, Histoire de Bretagne, t. VI, p. 67) (1).

Bien qu'il eût mobilisé trente espions, Mianne ne put mettre la main sur Pontcallec que le 28 décembre, grâce à la trahison de Chémendy, sénéchal du Faouèt, en qui le marquis avait mis sa confiance. Pontcallec avait trouvé refuge chez le recteur de Lignol. II y fut arrêté avec le «coquin de curé » (sic). Trois autres conjurés, du Couëdic., Montlouis, Le Moyne de Talhouët, anciens officiers du roi et qui n'avaient joué qu'un rôle secondaire, furent arrêtés ou plutôt se rendirent eux-mêmes. D'autres conjurés furent appréhendés dans la suite.

Interrogé par M. de Baussan, maître des requêtes, Pontcallec avoua tout, mais il affirma que la noblesse de Bretagne avait voulu seulement se mettre a 1'abri des persécutions du maréchal et maintenir les privilèges de la Bretagne.

La plus grave accusation fut celle d'avoir eu des intelligences avec une puissance étrangère : crime d'Etat. On jugea ensemble : de Pontcallec, de Talhouët, du Couëdic, de Montlouis.

Dans le public on croyait a une grâce, à une amnistie générale pour les coupables. Les évêques de la région avaient fait une démarche près du régent, mais le garde des sceaux fut impitoyable pour les Bretons et les juges n'eurent qu'à obéir.

II n'y eut ni séances publiques, ni débats contradictoires, ni défenseurs. Les inculpés ne comparurent même pas devant les juges de la Chambre réunis.

Néanmoins, le 26 mars 1720, 1'arrêt terrible fut rendu, et pour n'être pas témoins du sanglant spectacle, la plupart des gentils-hommes quittèrent la ville.

De Pontcallec, de Montlouis, de Talhou¨tt et du Couédic, accusés de crime de lèse-majesté et de félonie, étaient condamnés à avoir la tête tranchée sur un échafaud dressé sur la place publique de Nantes.

Le texte peut être consulté aux archives d'Ille-et-Vilaine, cote C 1813.

Comme dit Pitre-Chevalier : « Un seul jour suffit aux débats, à la condamnation et à l'exécution, tant la honte et la peur aiguillonnaient le tribunal. »

Et voici en quels termes fut rendu le jugement :

Veu par la Chambre sur les conclusions du procureur général du roy; ouy le rapport du procureur général du roy; ouy le rapport du sieur Gilles Brunet d'Evryn, conseiller du roy ès ses conseils, maistre des requestres ordinaire de son hostel, commissaire à ce député;

Tout veu et considéré;

La Chambre a déclaré les sieurs de Guer de Pontcallec, de Montlouis, Le Moyne, appelé ordinairement le chevalier De Talhouèt et Du Couêdic, prison-niers ès prison du chasteau de cette ville de Nantes, atteints et convaincus des crimes de lèse-majesté et de félonie, pour réparation (sic) desquels la Chambre les a condamnés d'avoir la teste tranchée sur un échafaud, qui sera â cet eflet dressé dans la place publique de cette ville de Nantes, et en adjugeant le proflt (resic) de la contumace déclaré par arrêt du 9 et 22 mars présent mois, acquise et bien instruite contre les sieurs Talhouêt de Bonamour, de Lambilly, Hervieu de Mellac, de Couessin de la Berraye, de Talhouêt-Boishorhant, de Trévellec du Bourgneuf, flls, Cocquart de Rosconan, le comte de Rohan-Pouldu, le chevalier de Rohan-Pouldu, du Groesquer, Fainé, du Groesquer 1'abbé, de la Houssaye père, de la Bouexière de Kerpesdron, le chevalier de Lantivy du Groscro, le Gouvello de Kérantrec et de Villeglé, les a déclarés et déclarant pareille-ment atteints et convaincus du crime de lèse-majesté et de félonie, pour répa-rations desquelles la Chambre les a condamnés â avoir la teste tranchée, ce qui sera exécuté â leur égard par effigie en un tableau attaché â une potence qui, pour cet effet, sera plantée en la dite place publique de cette ville de Nantes;

Prononce que le dit de Lambilly sera déchu de sa charge de conseiller au Parlement, qui est déclarée vacante et impétrable au profit du roy;
Girdonne que tous les flefs des dits condamnés, tant présents que contumaces, qui se trouveront être tenus iinmédiatement du roy, demeureront réunis au domaine de la couronne;

Déclare leurs autres biens, meubles et immeubles, en quelques lieux qu'ils soient situés, acquis et confisqués au profit du dit seigneur roy; sur ceux préa-lablement pris la somme de 30 mille livres applicable aux hôpitaux de cette ville de Nantes, Bennes et Vannes, par égale portions. (Quelle royale largesse sur le bien d'autrui !)

Ordonne en outre que toutes les marques de seigneuries et d'honneur qui sont dans les maisons ou chasteaux des condamnés, tant présents que contu-maces, seront démolies, abattues et effacées; tous les fossés des dits maisons et chasteaux comblés; tous les bois de haute futaye, comme avenue et autres servant a décoration seront coupés â la hauteur de neuf pieds de haut.

Les condamnés furent exécutés le 4 mai 1720. « Le quadruple meurtre du Bouffay était un acte de cruauté. Si la condamnation peut se justifier, cette exécution est injustifiable. Après le jugement, la grâce s'imposait, ellé était attendue par tous et par les juges eux-mêmes. »

Aussi cet atroce et barbare supplice provoqua 1'indignation générale. A Nantes, ce fut d'abord la consternation, puis la révolte.

« Une immense pitié étreignit les cceurs au souvenir de ces malheu-reux sacrifiés â une politique impitoyable. »

« CTest de ce sentiment qu'est né la légende. On plaignit justement les quatre infortunés qui avaient payé pour les autres... On en fit des héros et des martyrs.»

(PooQuET, Histoire de Bretagne, t. VI, p. 150.)

II restait encore quatre-vingt-huit accusés, et le gouvernement du régent ne savait comment sortir de cet interminable procès. On comprit qu'il fallait arrêter les poursuites et amnistier. La Chambre royale fut dissoute le 14 avril 1720. On accorda quelques faveurs aux commissaires royaux, rnais Montesquiou fut disgracié. Son départ désiré de tous fut un soulagement pour la Bretagne. A Paris même, on considérait qu'il avait une trop lourde part de responsabilité pour rester en place. Le maréchal d'Estrées, d'humeur plus conciliante, lui succéda jusqu'en 1737. Pendant cette période, la Bretagne vécut dans le calme.

Mort des conjurés.

A cinq heures du matin, on pénètre dans la cellule du marquis de Pontcallec, où il est couché avec la fièvre. On le réveille, il se fâche.

« Que me veut-on ? crie-t-il. Ne me laissera-t-on jamais en repos ? »

II est assez long â s'habiller et veut envoyer sa perruque chez le barbier pour la faire friser. Enfin, il arrive au Parquet et on lui lit 1'arrêt. 

En entendant les mots « avoir la tête tranchée », Pontcallec s'écrie : « Mais je vous ai tout dit ! II faut donc que je meure, moi qui ne suis pas 1'auteur de tout ceci ! »

Le bourreau est entré derrière le condamné. Le greffer dit alors â l'exécuteur :

« Faites votre charge. »

Les mains de Pontcallec sont liées de force par les aides qui le fouillent et lui enlèvent son chapeau. Ils le poussent dans la chapelle du château où MM. de Montlouis, du Couêdic et de Talhouët viennent le rejoindre. Ils veulent se confesser.

M. de Pontcallec se plaignait avec modération... Jamais je ne lui entendis prononcer aucun jurements, ny aucune parolles injurieuses. Voici â peu près ce qu'il disait :

« Quelle injustice ! Lier les mains a des gentilshommes : cela ne doit pas se faire... Voilâ donc cette royale Chambre qu'on disait agir avec tant de douceur ! Tant de fois on m'avait dit : Pontcallec, dis tout, déclare tout ce que tu sais, c'est le moyen de n'avoir point de mal ! »

Je irtavangay, dit le P. Nicolas, fort respectueusement vers M. de Pontcallec, et luy dis d'un ton bas, afin qu'il me répondit de même :

« Ah ! Monsieur... il me semble avoir eu autrefois 1'honneur de vous voir au collège de Bennes. Ah ! que ne puis-je, à quel prix que ce soit, contribuer a votre consolation !

— Ah ! mon Père, me dit-il d'un ton et d'un air fort doux, nous sommes condamnés !

— Eh bien ! monsieur, le Fils de Dieu a bien voulu être condamné Lui-même le plus injustement du monde, et au milieu des injustices et des outrages. II gardait toujours un profond silence. C'est le propre des grandes âmes d'étouffer courageusement toutes plaintes inutiles. »

Ces paroles font tout leur effet sur Pontcallec qui se calme et se confesse â son tour. Lorsqu'un peu plus tard, du Couëdic réclame son chapeau, il lui répond en souriant :

« A quoi bon, puisque tout â 1'heure, on va vous ôter le moule ? »

«Je ne suis pas si affligé de mourir, dit Talhouêt, que de laisser ma pauvre femme désolée avec des enfants sans ressources. »

On leur donne deux heures pour mettre ordre â leurs affaires.

« Les Turcs nous donneraient plus de temps, dit Pontcallec, qui commence une nouvelle colère.

- Pour moi, dit du Couëdic, il me faudrait pour le moins huit jours pour mettre â mes affaires tout 1'ordre que je dois.

- Pourvu que j'achève ma confession générale », dit de Montlouis.

M. de Talhouët, retiré en prières au bas de la chapelle, n'avait rien dit. Un des Pères vint lui annoncer qu'il y avait peut-être un délai. Il répondit par ces paroles sublimes :

« Hélas ! mon Père, ce délai ne servirait-il point de piège au démon pour me perdre ? Pour moi je suis tout prêt, pourquoi attendre â demain pour mourir ? »

Les condamnés demandent a être enterrés dans 1'église des Carmes. Le bourreau et ses aides paraissent au seuil de la chapelle. La veillée funèbre est terminée.

L'exécution doit avoir lieu place du Bouffay. Un régiment d'infanterie y est massé, les rues sont barricadées.

Sortant du château, le sinistre cortège, deux huissiers et de seize ca apparaît, précédé de huit gardes de la Chambre royale, à cheval. Pontcallec apparaît, les mains attachées, ayant a sa gauche, le Père Carme, et à sa droite, l'exécuteur. II est suivi de ses trois amis, du greffvaliers de la maréchaussée tenant un flambeau à la main.

Derrière les soldats, le peuple se presse, criant et gémissant, regardant ces hommes qui, pour une juste cause, vont mourir.

« Quel étrange spectacle ! », dit Pontcallec.

Les quatre s'étreignent pour la dernière fois.

De Montlouis, puis de Talhouët montent d'abord sur 1'échafaud, pendant que les confesseurs essayent de masquer 1'horrible spectacle à ceux qui attendent leur tour.

Du Couëdic monte :

« Après vingt-huit ans de service, voilà ma récompense, dit-il. J'ai moi-même exposé ma tête mille fois pour le roi, et il me la fait couper aujourd'hui sur 1'échafaud. »

II s'incline sur le billot et le bourreau le décapite d'un seul coup.

De Pontcallec avait regardé mourir ses compagnons. Avant de gravir les degrés, il interpella le greffler :

« Monsieur, vous avez mon argent, n'oubliez pas de faire prier pour moi. »

La valet lui tire la tête en avant, de toutes ses forces, par les cheveux et les oreilles. Le bourreau assène un coup de sa doloire, mais il faut frapper dessus à grands coups de maillet; le sang gicle et ruisselle partout... Enfin, la tête tombe...

C'est fini, 1'atroce et cruelle opération a duré une demi-heure. L'abominable raison d'État est satisfaite.

(Sources : Archives d'Ile-et-Vilalne; Barzaz-Breïz, DE LA VILLEMARQUÉ ; Hlstoire de Bretagne, DE LA BORDERIE.)

Pitre Chevalier a des accents qui émeuvent tous les Bretons quand il nous parle de Pontcallec et des autres conjurés :

« Pour que rien ne manquât a l'iniquité - de tous les conspirateurs qu'on eût pu saisir, les quatre accusés étaient les moins coupables, ils avaient sans doute organisé ou secondé la résistance bretonne, qu'ils croyaient légitime; mais sans tirer 1'épée ni un seul coup de pistolet contre 1'Etat. Telle fut du moins leurs protestations jusqu'au dernier moment. Aussi, la sentence fatale les surprit d'autant plus qu'ils croyaient, avec toute la Bretagne, leur acquittement inévitable... Afin de suppléer par des aveux à 1'insufisance des charges, on avait usé près d'eux et de leurs familles de la plus infâme duplicité : « Déclarez tout, leur avait-on dit; à ce prix vous aurez votre grâce », en ne soupçonnant pas qu'on pût violer une parole donnée au pied de 1'échafaud, ces nobles coeurs et ces bouches sincères s'étaient ouverts de confiance; leurs frères, leurs sœurs, leurs femmes avaient livré leurs secrets pour assurer le salut... Mme de Talhouët avait provoqué 1'incarcération volontaire et les aveux de son mari, sûre de conserver ainsi un père à 1'enfant qu'elle portait dans son sein !"

« II faut donc trancher le mot : la condamnation de ces hommes fut une LACHE BARBABIE ! »

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Notes de renvois, adaptées à la présente publication : 

(1) On dit de Pontcallec qu'il était peu aimé de ses paysans à cause de sa dureté à leur égard. Mais comment expliquer qu'ils lui aient fait une garde du corps assez importante pendant plusieurs semaines ?

(2) Salarun ne fut pas condamné à mort. Le tribunal «ordonna qu'il serait plus •iHipiemeDt informé contre le sieur Coué de Salarun pendant un an ». Grâce à ce «supplément d'information », il échappa au supplice; car il fallut lui faire bénéficier de ***********e certaine loi « Julia », qui graciait ceux qui faisaient découvrir un complot ; Salarun avait surtout de hautes relations : il était parent de l'intendant Feydeau de Brou, et sa femme, intime de la duchesse de Sully, « habituée des petits soupers du régent ».

(1) D'après Arthur DE LA BORDERIE : Histoire de Bretagne, t. VI, pp. 6 et sq.

(1) Rapport de Mianne. Voici les termes du jugement du recteur de Lignol : « Et pour les cas résultant du procès condasné le sieur Croezer, curé de Lignol (ü s'agissait de 1'abbé Jean de Couessin, un vieillard de quatre-yingt-un ans) â estre mandé â la Chambre pour y estre monesté avec desfence de récidiver sous telle peine qu'il appar-tiendra, le condasné en outre â 3 livres d'aumône applicable aux pauvres de la ville de Guémené. »

 

i

dessin extrait de l'ouvrage de l'abbé POISSON. colorisé par JC Even.

 

 

Sources. Bibliographie

* Abbé Henri POISSON : Histoire de Bretagne. 4è édition. 1965.

* HERSART de la VILLEMARQUE : Chants populaires de la Bretagne. Barzaz Breiz. Librairie Académique Perrin. 1963. Réédition de 1867.

* Emmanuel SALMON-LEGAGNEUR : Les noms qui ont fait l'histoire de Bretagne. Coop Breizh et Institut Culturel de Bretagne. 1997.

 

 

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