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* Ogée (1780) : 

Broons; gros bourg, sur une hauteur, et sur la roule de rennes à Saint-Brieuc; à 8 l. 3/4 de Saint-Malo, son évêché; à 10 l. 1/3 de Rennes, et à 4 l. 1/2 de Montauban, sa subdélégation. Cette paroisse, dont la cure est présentée par le seigneur du lieu, relève du roi, et ressortit à la Cour royale de Dinan : il y a une brigade de maréchaussée, une poste aux chevaux, un marché tous les mercredis, et cinq foires par an. On y compte 2000 communiants. Ce territoire est un terrain irrégulier, coupé de vallons et couvert de bois. Les terres en labeur sont fertiles en grains de toute espèce, lin et fruits. On y voit des landes en quantité.

En 1158, il s'éleva un différent entre deux frères jumeaux de la maison de la Motte-Broons, à l'occasion du droit d'aînesse, que chacun d'eux prétendait lui appartenir. Ces jeunes seigneurs se disposaient à le décider par la force des armes, lorsque Conan de Richemont, dit le Jeune, duc de Bretagne, désirant terminer ce différent à l'amiable, leur assigna un partage égal, et ordonna de bâtir le château de Brondineuf, qui devait posséder la moitié de la seigneurie, et qui fut construit dans la même forme et de même grandeur que celui de la Motte-Broons. La seigneurie de Brondineuf*, haute, moyenne et basse-justice, appartenait, en 1500, à François de Broons, qui possédait dans le même territoire celle de la Roche-Rousse; elle passa ensuite à la maison de Derval, à qui elle appartenait encore en 1680. Elle est aujourd'hui à M. de Saint-Pern-Brondineuf.

L'an 1231, l'évêque de Saint-Malo et son chapitre prétendaient que les dîmes de Broons leur appartenaient; Hamon de Querhiriac leur en disputait la propriété. La contestation dura longtemps; elle finit enfin par une transaction entre l'évêque et Hamon de Guer, successeur du précédent. Le même prélat transigea, en 1237, avec Rolland de Plouern, pour le patronage de l'église de Broons, et fonda, en 1252, l'hôpital de Saint-Malo, auquel il attribua les dîmes de celte paroisse.

L'an 1270, Robert Du Guesclin épousa l'héritière de Broons, fille de Guillaume de Broons, dont il eut plusieurs enfants. L'aîné fut Robert Du Guesclin, chevalier, seigneur de Broons, qui épousa Jeanne de Malemains, dame de Sens, fille de Foulques de Malemains, gentilhomme normand, seigneur de Sacey. De ce mariage sortit Bertrand Du Guesclin, cet homme étonnant, qui remplit l'Europe de son nom. Il naquit au château de la Motte-Broons, l'an 1326 [1314, 1318 ou 1320]. Son parrain fut Bertrand de Saint-Pern, second du nom, dont la postérité subsiste encore en Bretagne. Notre dessein n'est pas de faire ici l'histoire de ce héros. Nous n'en parlerons qu'en passant, et pour ne pas nous écarter des bornes que nous nous sommes prescrites dans cet ouvrage. Ceux qui désireront de plus amples détails , les trouveront dans l'histoire de sa vie, par M. Guyard de Berville : l'ouvrage de cet écrivain est un modèle d'exactitude qui ne laisse rien à désirer *. — Bertrand fut fait chevalier au château de Maumuran [ Montmuran ], dans la paroisse des Iffs , l'an 1354; et, l'année suivante, il épousa Tréphine [Thiphaine] de Raguenel, fille du vicomte de la Bellière. Il fit bâtir à un quart de lieue de Broons, au bord du grand chemin qui conduit à Saint-Brieuc, un château flanqué de quatre grosses tours, qui fut nommé le château de Bertrand Du Guesclin. Cette forteresse a été détruite par les guerres qui ont si souvent agité cette province. On n'en connaît aujourd'hui que l'emplacement. — Du Guesclin avait plusieurs frères et sœurs : les plus connus sont : Olivier, qui suivit presque toujours son frère, et qui, après sa mort, fut connétable de Castille et comte de Longneville; Julienne Du Guesclin , abbesse de Saint-Georges de Rennes; Clémence, abbesse ou prieure perpétuelle du couvent des Couêts, dans la paroisse de Bonguenais, près Nantes; et une troisième, épouse d'Afratin de Husson, seigneur de Ducey, du Champ-Servon, du Grippon, de Sainte-Cécile et de Cherence, en Normandie.— La gloire et la réputation de Bertrand Du Guesclin lui attiraient un grand nombre de jeunes gentilshommes, qui venaient servir sous lui en qualité de volontaires, pour se former sous un aussi grand maître dans l'art de la guerre. L'occasion se présenta bientôt de leur en donner des leçons. — Le capital de Buch, général des troupes du roi de Navarre, qui cherchait Bertrand, le rencontra qui venait à lui, le 23 mai 1364, dans la plaine de Cocherel, dans le comté d'Evreux. Ce fut là que notre Breton déploya pour la première fois ces talents qui le rendirent le premier homme de son siècle : il sut si bien disposer son armée, et combattit avec tant de valeur, qu'il écrasa l'armée ennemie, et fît le général prisonnier. Charles V, qui régnait alors, voulant reconnaître ce service, le fit maréchal de Normandie, et lui donna le comté de Longueville, qu'il venait de confisquer au roi de Navarre, en punition de sa révolte, à condition qu'il lui livrerait le captal de Buch, duquel il ne pourrait exiger de rançon. Ces propositions furent acceptées, et le prisonnier fut livré au roi par Du GuescJin, qui, animé de plus en plus par les bienfaits et les récompenses de son maître, partit pour la Basse-Normandie, et continua la guerre avec vigueur contre le roi de Navarre. Son armée, qui n'était que de 1000 hommes de troupes, fut bientôt renforcée par une foule de gentilshommes bretons et normands, à l'aide desquels il donna beaucoup d'inquiétude aux Navarrois, et leur enleva la ville de Valogne : ce fut après cette expédition qu'il fut fait connétable de France. Du Guesclin, qui n'avait point eu d'enfants de Tréphine Raguenel, sa première femme épousa, en secondes noces, au mois de janvier 1373, Jeanne de Laval, dame de Châtillon et de Tinténiac. Ce mariage, qui ne fut pas plus fécond que le premier, fut célébré à Rennes, avec de grandes réjouissances, et à la satisfaction de toute la Bretagne. L'an 1380, les États de Languedoc supplièrent Charles V de leur envoyer le connétable Du Guesclin, pour chasser du château de Mande , nommé Randan [ Châteauneuf de Randon ], les Anglais qui s'y étaient fortifiés, qui, de là, ravageaient tout le pays, et commettaient toutes sortes de brigandages. Le roi leur accorda ce qu'ils demandaient, et du Guesclin se rendit en Languedoc. Dès qu'il y fut arrivé, il mit le siège devant le château et allait s'en rendre maître, lorsqu'il fut attaqué d'une maladie violente qui le précipita au tombeau. Les assiégés, qui avaient promis d'ouvrir leurs portes s'ils n'étaient secourus dans douze jours, ne voulurent remettre les clefs de leur place qu'à lui seul, et les portèrent eux- mêmes sur son cercueil. Ainsi mourut, au sein de la victoire, le 13 juillet de cette année, et dans la soixantième [soixante-sixième] de son âge, Bertrand Du Guesclin, l'honneur et la gloire de la France et de la Bretagne, le héros de son siècle, le défenseur de la patrie, le libérateur et le restaurateur de l'Espagne, et l'ami de son roi. — Ennemi généreux, vainqueur humain et libéral, honnête homme, ami sincère, époux tendre, sujet fidèle, Du Guesclin fut un modèle de toutes les vertus. Puisse l'exemple de ce grand homme donner à l'État des citoyens qui lui ressemblent ! —- La France entière le pleura, et donna des manques publiques de sa douleur. Son corps fut reçu dans toutes les villes par où il passa avec les mêmes honneurs qu'on rend aux rois. Charles fut vivement touché de la mort d'un aussi bon serviteur, qu'il aimait tendrement; et, pour prouver à tout l'univers combien il l'avait chéri, ce monarque voulut qu'il fût enterré à Saint-Denis, dans la même chapelle qu'il avait fait construire pour lui et la reine Jeanne de Bourbon, sa femme, qui y était déjà enterrée, afin que la mort même n'eût pas le pouvoir de le séparer de son cher connétable. Il fonda une lampe qui doit brûler nuit et jour à perpétuité sur son tombeau. Les princes et les principaux seigneurs de la cour assistèrent à ses funérailles, dont la pompe et les cérémonies furent les mêmes que celles qui se pratiquent aux obsèques des rois. 

En 1419, Jean V, duc de Bretagne, assiégea le château de Broons, qui résista peu de temps, et se rendit à composition. — Le 8 mai 1420, Jeanne, fille aînée du roi Charles VI, duchesse de Bretagne, étant à Vannes, ordonna de démolir le château et les forteresses de la Motte-Broons, avec celui que Du Guesclin avait fait bâtir en 1355, et qui appartenaient alors au comte de Penthièvre, seigneur de Broons. Ses ordres furent si bien exécutés, qu'on ne voit plus aujourd'hui aucuns vestiges de ces deux places*. — Le 13 juillet 1420 , le duc Jean V donna à Charles de Rohan, seigneur de Guémené, la terre de Vauruffé [ Vauruffier]*, qui valait 25 livres de rente, et qui avait été autrefois à Olivier de Clisson. — Vers l'an 1423, le sieur de Brezé acheta, pour la somme de 13,000 écus, la terre et seigneurie de Broons, qu'il vendit ensuite à Jean Chevalier, seigneur de Ville-blanche, dont le fils, nommé Pierre de Ville-blanche, fut, en 1500, chevalier des ordres du roi, et seigneur de Broons. Cette paroisse est la patrie du révérend père Claude de Sainte-Anne, religieux carme, qui passa pour un des plus savants théologiens du XVIIè siècle. Il fut successivement prieur des carmes d'Orléans, Vannes, Nantes et Ploërmel.— Outre la haute, moyenne et basse-justice de Brondineuf, on en remarque quatre autres qui appartiennent à M. de Bruc, et ressortissant à Dinan, savoir, la haute, moyenne et basse-justice de Broons, et les trois hautes-justices de Querbras, de Saint-Jean et Jouan-le-Bas. —On connaissait dès le XIIIè siècle, dans le territoire de cette paroisse, les maisons nobles de la Normandais, le Bois-Pasmallet, les Noës, la Noë-Mallet, la Noé-Brondineuf, le Chârelier, Quergoët (Kergouet)*, et la Ville-Morel. Cette dernière appartenait, en 1383, à Yves Millon, trésorier général de Bretagne".